[ Captive... ]

Versailles n'était pas seulement un château magnifique, emplis d'intrigues et de romances...
Bien cachés à ses habitants, en dessous, se trouvaient les cachots.
Sombre, noirs, humides et... glauques.
Même les gardes en avaient horreur.
Et qu'en était il des prisonniers?

Une voix triste s'élevait derrière une grille de fer.
D'une douleur à briser les coeurs.
Car elle était presque résignée.

- Les oiseaux qu'on met en cage...
Peuvent ils encore voler? -
Le chant était lent, mélancolique, la voix avait un timbre grave et chaud, qui semblait fait pour chanter la joie, non le malheur, et pourtant, le contraste était magnifique...
Magnifiquement bouleversant.

- Les enfants que l'on outrage...
Peuvent ils encore aimer? -

La voix venait d'une jeune femme.
On ne l'aurait pas reconnue.
Certes, c'était une fille du peuple, mais elle avait toujours respiré la joie, elle était si vivante, si ardente, si heureuse de vivre...
Exigeante, orgueilleuse et libre.
Tête brûlée.
Sale, mais le visage souriant.

Elle était là habillée d'une robe grisâtre, manches courtes, lui arrivant aux genoux, très sales, très rustre.
Ses longs cheveux emmêlés pendaient tristement de chaque côtés de son visage, l'obscurcissant par leur noirceur.
Sa peau brune paraissait pâle dans cette obscurité.
Elle avait les traits tirés, le visage las.
Mais ses yeux, oh ses yeux !
On aurait dit une bête atteinte de folie, déjà voilés par le deuil, le deuil d'elle-même.

Pas la cage non, tout mais pas la cage !

Les barreaux, le noir, c'était pire que la mort, elle suffoquait en posant ses yeux sur les murs menaçants autour d'elle, qui s'avançaient, s'avançaient pour l'écraser...
Alors elle fermait les yeux.
Et elle chantait, pour oublier la peur.

- J'étais comme une hirondelle
J'arrivais avec le printemps... -

Et les autres prisonniers écoutaient cette voix, certains reprenaient espoir, d'autres le perdaient, mais tous ou presque se mettaient à pleurer...

- Je courais par les ruelles
En chantant des chants gitans... -

Elle s'allongea sur la pierre nue, ses cheveux noirs flottant comme une marque d'encre sur les dalles.

Demain, à l'aube, tu seras pendue sur la place publique.

Elle tressaillit, et des larmes roulèrent.
Son chant se modifia.

- Je n'ai pas envie de mourir...
Je veux encore chanter, danser, et rire...
Je ne veux pas mourir.
Mourir...
Avant d'avoir aimé ! -

Elle ne savait pas que quelqu'un était là à l'observer.
Celui qu'elle était censée avoir assassiné...

Philippe avait apprit par Antoine d'Aumont, son "sauveur", que son assassin était en prison et que demain il serait pendu haut et cour jusqu'à ce que mort s'en suive.

Il voulait regarder dans les yeux l'homme qui l'avait blessé pour... pour quelle raison?... Philippe ne s'en souvenait plus.

Il le lui demanderait. De plus, cette homme serait peut-être où est passé Carmen.

Il devait payer car il avait sans doute kidnapper la belle, ou tuer également... Qui sait?

En desccendant tant bien que mal les escaliers, Philippe entendit une voix montée peu à peu. Un chant céleste digne d'un ange.

"Cette voix...cet ange.. je la connais.."

Malgré que Philippe était encore boiteux, il descendit plus vite les marches au risque de tomber. C'était elle, oui il en était convaincue.

Il arriva devant la prison où l'on entendait la douce voix. Il regarda pas la grille.

"CARMEN!!!!!!!!!!"

- Vivre...
Pour celui qu'on aime
Aimer...
Plus que l'amour même... -

Soudain, un cri retentit.
Elle stoppa immédiatement son chant.
Elle se redressa brusquement, affolée, ne comprenant d'abord pas les mots, ne retenant pas la voix.
Quand il y avait des cris ici, ce n'était jamais le bon signe.
Oh mon dieu...
Etait ce déjà le matin?
Allait elle mourir?
Elle se sentit glacée à cette idée, suffocante...

Puis...

Carmen !

Mais comment connaissaient ils son prénom?
Elle n'avait rien dit, même sous torture.
Les gitans savent se taire.
Et cette voix... Elle la connaissait.
Elle tourna la tête, les yeux écarquillés sous ses larmes.

- Philippe? -

Elle se redressa, incrédule.
Comment... Que... Par quel miracle était il encore en vie? Elle était persuadée que Mathias l'avait tué, qu'ils n'avaient pu le soigner, et elle était également persuadée de ne revoir plus jamais aucun visage ami, alors le voir ici... Elle en était complètement retournée.
Elle se releva, courut jusqu'à la porte, riant et pleurant à la fois, submergée d'émotion.

- Philippe ! -

Elle se jeta contre les barreaux.
Ses doigts passèrent les grilles, s'y accrochèrent fermement, comme si elle avait soudainement peur de basculer en arrière.

- Je vous croyais mort... -

*°* ...Et moi de vous suivre... *°*

Elle inclina la tête, avec une profonde inspiration soulagée.
Au moins, elle avait la conscience tranquille à présent.
Car elle n'avait pu s'empêcher de songer que son ami était mort par sa faute...

- Comment... ? -

Elle ne termina pas sa phrase.
Il y avait tellement de questions à poser...

Philippe la regarda avec soulagement et amour. Puis,un songe lui glaça le coeur. Il prit peur.

"Poruquoi es-tu ici? Est-ce toi qui m'a blessé?"

Philippe eut peur de la réponse.

Non, pas elle! Pas celle qu'il aimait aussi fort. Il sentit son coeur se briser. Sa gorge était nouée et le silence qui suivit ne dura que quelques secondes mais pour lui cela dura des heures.

Il avait beau essayer à chaque fois qu'il essayait de se souvenir de cette soirée, il était pris d'un mal de tête qui égala la torture. Il appella le garde endormi plus loin.

"Eh toi!! Laisse moi parler à la Prisonnière!"

Il avait pris un ton sévère. Il était partager entre la colère, le doute, la peine et l'amour. Toutes ses émotions se melangaient et il ne savait comment réagir face à Carmen.

Le garde lui ouvrit dans un bruit de clé et de ferrailles rouillées et vieilles et il entra dans la prison pour voir Carmen sans les barreaux entre eux. Le garde s'assit devant la porte et attendit. Il n'écoutait pas mais il savait qu'elle était accusé d'avoir essayer de tuer philippe et ne comprenait pas pourquoi le duc voulait discuter avec cette gitane.

"Carmen répond moi s'il te plaît."

Son visage blêmit soudain.
C'était flagrant malgré sa peau sombre.
Comment pouvait il?
Ne serait ce que l'envisager !
Elle qui c'était torturée depuis qu'on l'avait arrêtée pour un crime qu'elle n'avait pas commis... mais dont elle se sentait malgré tout coupable.
Mais comment pouvait il penser qu'elle puisse avoir voulu le tuer?
Semblait elle si mauvaise?

Elle recula d'un pas, incrédule, ses deux mains figées contre sa poitrine et son ventre, comme saisie d'une douleur soudaine.
Elle baissa la tête, ferma les yeux.
Une larme roula au bout de ses cils.
Puis coula, et s'écrasa sur le sol.

- Vous le pensez vraiment? - Murmura t'elle d'une petite voix brisée.

Elle s'assit lentement sur le sol, pendant que Philippe demandait à entrer dans sa cellule.
Elle ne leva pas la tête vers lui.
La rage grondait dans son coeur, rage qui n'était pas uniquement issue de ses mots, mais de tout ce qu'elle avait vécu.
Trop plein d'émotion et ça explosait soudain dans son coeur déjà bien éprouvé malgré sa jeunesse.

Quand il renouvela sa demande, elle leva la tête.
Son visage était pâle, mais ses yeux décidés, pleins de colère.

- Non. -

Ton catégorique et ferme.
Elle serra les poings.
Il n'y avait pas que la colère qui remontait, mais également toute cette culpabilité douloureuse...

- Mais j'y suis pour quelque chose malgré tout... C'est quelqu'un de ma famille qui vous à fait ceci. Il m'a retrouvé, et la scène qu'il a du voir ne lui aura pas plu... -

Elle secoua lentement la tête pour chasser les larmes qui continuaient de couler malgré sa volonté.

- Je suis désolée... - Murmura t'elle.

Et maintenant?
Allait il la croire?
C'était ça qui était vraiment important, qu'il sache que ce n'était pas elle...
Mais après peut être qu'il se mettrait en colère et déciderait quand même de la faire exécuter...

Philippe était pâle et sa blessure encore ressente l'affaiblissait. Il ne sentait pas d'humeur à se faire gronder.

Il regarda Carmen d'un regard implorant. Lorsqu'elle lui dit ce Non colérique et froid. Il la cru sans aucune question. Il l'aimait.

Elle poursuivit mais Philippe n'en crut pas ses yeux. Son amour pour elle l'avait blessé et même failli le tuer. Etait-ce l'amour qu'il lui fallait? Philippe se le demandait.

"Carmen! Pourquoi cette personne ne veut pas ton bonheur?"

Philippe était épuisé et la mémoire ne lui revenait pas. Il crut carmen sur parole. il l'aimait mais avait besoin également de l'entendre de sa part à elle. Il voulait la sauver mais si c'était la sauver pourqu'elle soit sans protection et reprise par des gardes quelques mois plus tard .... Il était décidé à la sauver.

"Carmen, m'aimez-vous?"

Il avait repris le vouvoiment sollenel afin d'essayer que carmen ne voit pas trop à quel point il était épris d'elle.

Elle se releva en douceur et lui prit la main.

- Ce n'est pas qu'il ne veut pas mon bonheur... -

Elle soupira.
C'était difficile d'expliquer les opinions et agissement de sa famille adoptive à quelqu'un d'étranger, surtout que Philippe était aussi éloigné que possible de son milieu de vie et de leur mentalité...
Elle se résuma alors à l'explication la plus simple, la seule qu'elle pouvait vraiment lui faire comprendre :

- C'est juste qu'il n'imagine pas que mon bonheur puisse être avec un membre de la noblesse. -

Elle allait ajouter que, de plus, avec ce qu'il avait vu, quand Philippe l'avait embrassée, il ne pouvait non plus penser qu'il y avait de la simple amitié entre eux, alors que ce n'était que cela... mais se retint à temps.
Surtout quand il lui demanda si elle l'aimait.
Elle lâcha sa main, troublée.

- Même si... Oh je ne peux pas. -

Elle baissa la tête un instant.
Là aussi c'était trop compliqué, ses sentiments, ses envies...
Que dire? Que faire? Et par-dessus tout, comment lui expliquer ce qu'il se passait dans sa tête?
Elle se retourna vers lui.

- Bien sûr que je vous aime mais... -

Elle baissa les yeux avec affliction.

- Pas de cet amour que vous semblez me donner. Du moins, pas pour l'instant. Pas d'une manière définissable... -

Elle reprit sa main, souriant gentiment, et la pressa avec affection.

- Vous êtes mon ami Philippe. Cela ne vous suffit il pas? -

Philippe eut le coeur qui fit plusieurs tours avant de se briser. La gorge serré, i lordonna au garde de libérer la jeune prisionnière en disant qu'il s'arrangerait avec le roi.

En sortant de la cellule, il montèrent ensemble les marches sans qu'un mot ne fut prononcer par Philippe.

Arrivé en haut, il reprit la parole sans accordé un regard pour Carmen et d'un ton froid voir même glacial.

"Rentrez chez vous, Mademsoielle! Versailles n'est pas fait pour vous."

Il lu itourna le dos et retourna à ses appartements, il ne voulait pas la voir partir et encore en sachant qu'ils n'étaient que amis. Il laissa Carmen là. Il avait le coeur brisé et faisait tout pour que la jeune fille ne le voit pas.

[ Le Grand Retour de Carmen XD Je clos ce post ci avant d'en faire d'autres ^^ ]

Carmen comprit trop tard qu'elle n'aurait jamais du être sincère.
Non, elle aurait du mentir.
Faire semblant.
Elle se sentait pleine de colère, de tristesse, de dégoût envers elle-même.
Comment espérait on qu'elle soit franche si la vérité ne faisait que blesser son entourage et lui apporter des ennuis?
Mais elle même, qui croyait elle duper?
Le problème n'était pas qu'elle ne ressente pas d'amour envers Philippe, c'était qu'elle ne ressente pas d'amour du tout, envers personne.
Souvent, elle se demandait même si ce sentiment existait chez elle.
Probablement pas.
Oui, elle était sans doute cette sorcière, cette égyptienne, cette sans-âme.
On avait raison de la blâmer ainsi.

Elle se leva lentement, vidée soudain.
Elle aurait voulu s'excuser, lui demander pardon...
Mais il ne la regarda même pas.
Hébétée, elle le suivit dans les couloirs froids sans dire un mot, serrant les bras contre sa poitrine, frigorifiée, ses pieds nus se posant sur le sol froid avec réticence.

Elle releva la tête lorsqu'elle sentit qu'il allait parler, pleine d'espoir.
Mais espoir qui fut vite déçu.
Et elle rebaissa la tête vers le sol.

" Pardon..." Murmura t'elle, si bas qu'elle ignorait s'il l'avait ou non entendue.

Elle resta un moment ainsi dans les couloirs, pauvre petite chose sale et immobile, pleurant sans larmes et sans bruit.
Qu'allait elle devenir?
Elle entendit des bruits de pas soudain.
Et elle réalisa alors ce qu'elle était devenue.
Une fugitive.
Une criminelle aux yeux de tous.
Et il fallait fuir, au plus vite.
Elle se mit à courir à toute vitesse.
Elle en avait l'habitude pour échapper aux gardes, mais cette fois elle ne riait pas comme elle le faisait dans la rue.
Non, cette fois, les yeux écarquillés de peur, elle tâtonnait à l'aveuglette, espérant en une quelconque bonne étoile qui l'aiderait à trouver la sortie.
Une fenêtre.
Mon Dieu quelle hauteur !

Elle se retourna.
Elle n'avait plus le choix désormais, les pas étaient trop proches...
Vite, elle l'ouvrit, enjamba le rebord, prit une profonde inspiration, jeta un coup d'oeil en dessous-d'elle, sa jambe se balançant craintivement dans le vide...

- Vous là-bas !!! -

Trop tard !!
Elle se laissa glisser, s'accrocha comme elle pu aux pierres les plus disjointes, cria lorsqu'elle faillit tomber, mais ses aptitudes reprirent vite le pas sur sa peur et son désorientement.
La liberté était à portée de main, elle sentait déjà le vent dans son dos, il criait sa victoire et la portait sur ses ailes !
Elle s'y laissa tomber, et cru vraiment qu'elle s'envolait...
Elle se rattrapa à une de ces barres de fer qui soutenaient les drapeaux, attrapa celui-ci à pleines mains, se laissa de nouveau glisser, trouva un autre appui, sauta, vola, virevolta, étrange chèvre-oiseaux aux ailes engourdies...

Mon père est oiseau, ma mère est oiselle...

Elle fut de nouveau sur la terre ferme.
Elle soupira de soulagement.
Mais il ne fallait pas s'attarder.
Avec un dernier regard au chateau, elle s'enfuit.

Sujet clos