Songerie

Elisabeth était aller à la bibliothèque pour à nouveau s'isoler dans son monde. Ses enfants étant rentrées avec leur nourrice et son époux reparti parler affaire, elle était seule. Elle alla donc se plonger dans son monde où l'imagination guidait tous les coeurs.

Elle était habillée d'une longue robe dans les tons rouges et or. Ses cheveux étaient élégamment relever sur sa nuque en deux tresses qui se rejoignaient pour faire un chignon magnifique et difficile à faire. Sa chevelure était parsemée de petites pierreries.

Elle entra et prit soin de bien refermer la porte derrière elle pour être seule. Elle monta au premier étage de la bibliothèque et scruta à la recherche d'un livre intéressant. Elle trouva enfin son bonheur Le Monde Asiatique dans sa mythologie.Voilà qui lui conquit son coeur de rêveuse. Elle redescendit et s'installa sur un fauteuil. Vérifiant qu'elle était seule, elle ôta ses petites chaussures noires et glissa ses pieds sous sa robe qui pendait du fauteuil. Elle se plongea dans ce livre qui la faisait déjà rêver.

Elle rêvait déjà de dragons asiatiques volant au-dessus de sa tête de potions et de guerrier. On aurait pu la prendre pour une sorcière qui recherchait ses origines, elle s'en serait moquée. Elle retrouvait son âme d'enfant. Voilà qui lui donnait le sourire. Elle avança le premier chapitre, puis le deuxième... Elle était emportée par ce flot d'inventions, d'imagination et de découverte. Elle vivait au rythme des pages. Etant soulagé quand le héros l'était, ou surprise en même temps que lui. Elle lisait avec passion et ressentit, comme si elle y était.

Ce livre la captivait à tel point qu'elle n'entendit pas la porte clancher. Une personne entra et élisabeth rele va la tête, son visage toujours aussi souriant.

La personne qui entra était ...

Une Brunette chipie comme pas deux.

En fait, si Elisabeth n'avait pas entendu la porte s'ouvrir, c'est bien parce que Brunette n'avait pas employé la porte, justement. Ce fut par un passage secret qu'elle pénétra la pièce.

A vrai dire, elle était bien aise de se trouver là. Tout excitée seraient les mots justes. Pourquoi donc ? Eh bien, Brunette n'avait jamais pénétré en ce haut lieu sacré. Techniquement, elle n'avait pas le droit. Ou quelque chose comme cela.

Mais voilà, Marie Mancini était un ange. Tout simplement, lorsqu'Isabelle lui avait confié son rêve d'améliorer sa lecture pour pouvoir lire des contes, la première chose que fit la Blondinette fut d'envoyer Brunette sa copine lui chercher un conte dans la bibliothèque du Château.

Correction, dans l'énorme et incroyable et féérique et fantastique bibliothèque du Château.

Pâle excuse, ok. Il suffisait de connaître un peu l'histoire et on comprenait tout de suite pourquoi Marie avait tenu à ce que son amie aille chercher ce livre.

Quel livre, en plus ? N'importe, disait-elle. Un livre de contes. Celui qui te plaira.

D'accord.

Alors, Isabelle était là, prête à poser ses petits yeux brillants sur des tonnes de livres plus gros et intelligents les uns que les autres.

Sauf que, oh. Brunette avait oublié l'éventuelle possibilité que quelqu'un soit déjà là.

Hum.

Etant donné que la personne était visiblement noble, qu'Isabelle n'avait aucune raison de parler à une noble, et qu'elle avait une mission bien précise, normalement, tout irait bien.

Sauf qu'elle commit l'erreur de poser ses yeux sur ladite personne, alors que le plus sage aurait été, disons... de se dépêcher de choisir son livre sans un seul regard pour Madame, et de s'en aller au plus vite.

De un, il y avait tellement de livres qu'elle n'aurait pas réussi à se dépêcher.

De deux, trop tard.

Et, comme d'habitude, cela ne manqua pas. Isabelle, piquée de curiosité, haussa des sourcils, et lâcha une petite exclamation de surprise.

C'est que cette dame, là, elle avait un air de famille. Vous savez, non ? Quelque chose dans sa physionomie, dans son allure, dans son sourire, lui rappelait...

"... le duc de Beaufort !" chuchota la jeune fille.

Ah ouais, mince, c'est malin. Depuis quand on chuchote aussi fort dans une bibliothèque ?

Et sans aucun doute, la dame l'avait entendue...

Elisabeth était totalement absorbée par son livre. Elle ne vit pas la brunette entrer dans ce lieu sacré. Elle ne sentit même pas le regard de la domestique se poser sur elle. Ce qui la sortit de sa torpeur se fût les mots de la douce voix de l'étrangère.

"... le duc de Beaufort !"

Elle releva la tête et sursauta en voyant la jeune femme. Elle ouvrit des yeux gros et rond. Surprise, elle se dépêcha de remettre ses chaussures et de paraitre plus descente. Elle se leva et posa son livre ouvert sur la petite table qui se trouvait prêt d'elle.

"Non pas vraiment! Je suis la duchesse de Nemours."

Dit-elle calmement. Elle fit un pas vers la domestique et chercha à croiser son regard perçant. La ressemblance était évidente. Les longs cheveux noirs étaient de famille tout comme le regard perçant et chaleureux.

Elle s'inquièta. Etait-elle une domestique au service de son frère? Elle ne l'avait pas vu venir et ne l'avait jamais croiser. Elle ignorait tout de cette étrangère qui pourtant lui semblait très amicale. Il semblait à Elisabeth que cette jeune femme était perturbée par la ressemblance d'Elisabeth avec son frère.

"Vous ne semblez pas bien, désirez-vous vous asseoir?"

Elisabeth tendit la main vers le fauteuil où elle était assise. La domestique pâlissait en dévisageant sans grande politesse Elisabeth. Elle ne releva pas cela car elle était plutôt inquiète de la paleur de son visage. Elle voulait se montrer gentille.

Evidemment, lorsqu'on aperçoit une femme qui ressemble beaucoup, même excessivement beaucoup à votre amant, on peut se poser des questions. Même si c'est une femme. Je veux dire, Brunette ne s'y attendait pas, voilà tout. Elle, toute joyeuse, prête à se choisir un joli petit conte dans la bibliothèque qu'elle n'avait jamais pénétrée, et voilà qu'elle tombait sur le presque-homologue féminin de François.

Choquant.

Et puis, bien vrai qu'elle n'aurait pas dû chuchoter aussi fort. De un, ceci dérangea la dame avec évidence ; de deux, c'est totalement débile de chuchoter le nom d'un duc lorsqu'on voit une duchesse. Du moins, dans le sens où l'avait compris la duchesse de Nemours, ça semblait débile.

"Non... je... je voulais dire..." s'embrouilla Isabelle, un peu honteuse de sa bévue.

Idiote, va.

Pourquoi ne t'es tu pas contentée de prendre ton livre, au lieu de jouer aux reconnaisseuses de sosies féminins ?

Humph.

Brunette tenta de fouiller dans sa mémoire. Est-ce que François lui aurait parlé d'une soeur, ou d'une cousine ? Elle ne s'en souvenait plus. Diantre.

De toute manière, en y regardant de plus près, la duchesse de Nemours ne ressemblait pas exactement au duc. Il y avait quelques détails, certes, très ressemblants ; mais ça pouvait être n'importe qui.

N'importe qui, quoi.

Et si elle avait connu le duc, peut-être que la duchesse en aurait parlé. Dit quelque chose comme "qu'y a-t-il, avec mon frère ?". Ou autre du genre. Non ?

La pauvrette en était encore un peu rosie d'avoir commis l'idiote bêtise, aussi Madame de Nemours lui proposa de s'asseoir ; au moins, ce n'était pas une méchante personne. Mais Isabelle, elle connaissait très bien sa place. Comme sa philosophie, en venant prendre un conte ici, avait été de ne pas s'attirer d'ennuis, la brune répondit :

"Oh, non ! Merci bien. Pardon de vous avoir dérangée dans votre lecture, Madame. Je venais simplement quérir un livre pour ma maîtresse."

Petite révérence vite fait, puis regard envieux vers les étagères de livres. Est-ce que la duchesse lui en tiendrait rigueur, de sa sottise ?

Elisabeth était inquiète pour la jeune femme.

Sa réaction concernant son frère était ... surprenante. Elle connaissait le duc de Beaufort et se souvenait assez de ses traits de visage pour voir en élisabeth les traits de son frère. Elle devait être particulière pour avoir vu François autrement que furtivement.

Préférant ne pas mettre la jeune femme plus mal à l'aise, elle ne l'obligea pas à s'asseoir. Elle en oublia de préciser son lien de famille avec François. Elle préférait savoir avant comment elle le connaissait.

Elisabeth savait que François n'était pas violent que ce soit avec ses compagnes ou avec les domestiques. Cette domestique n'avait pas non plus l'air effrayé, ce n'était donc pas une relation froide qui les unissait. Elisabeth savait que François avait bon coeur derrière sa façade dure et forte. Il avait peut-être aider cette jeune femme.

"Co... comment... connaissez-vous le duc de Beaufort?"

Elisabeht ne voulait pas clore ici leur conversation qui l'avait perturber. Elle n'aurait pas pu se remettre à lire son livre après une telle rencontre qui la laissait perplexe.

Sa curiosité naturelle la poussait à en savoir plus sur cette domestique.

"Quel est votre nom?"

Elisabeth avança vers les étagère de livre à la hauteur de la jeune femme. Elle faisait semblant de chercher un livre ou d'aider la domestique à en trouver un. Elle voulait discuter avec cette femme... étrange... particulière... sans doute... unique!

Petit pas vers la droite, hum. On essaye de filer direction section des contes, Isabelle ? Apparemment. Qui sait, la duchesse qu'elle avait si iiiiimpoliment dérangée ne la laisserait pas tomber, se disant qu'elle était sans doute tombée sur une personne à qui il manquait cinq ou six cases consécutives.

Mais noooon. Avec la chance d'Isabelle, il fallait bien que Madame la duchesse insiste.

Poisse, poisse, poisse.

Bizarre, en plus, parce que le nom de "Duchesse de Nemours" rappelait quelque chose à Is. Sauf qu'encore une fois, elle ne se souvenait pas d'où elle l'avait entendu. Le pire, c'est qu'elle l'avait au bout de la langue. Elle était sûre d'avoir entendu ce nom quelque part, récemment... Mais où, hein ? Où ?

Est-ce que sa mémoire à court terme avait subi des dommages supérieurs parce qu'elle était restée trop longtemps sans user de ses neurones ?

Théorie très intéressante. Malheureusement, pour le vérifier, les médecins seraient obligés d'ouvrir la petite tête brune, et nous n'avons vraiment pas le temps pour ça.

Alors laissez tomber, j'vous dis.

Ow, mince. Manquait plus que la dame ait un accès de curiosité. Isabelle, qui en plus était assez tourmentée sur le sujet de François ces derniers temps, n'avait pas très envie non plus de raconter toute l'histoire à une inconnue. D'un petit geste d'impatience, la pauvrette eut un petit soupir,net détourna la question :

"C'est une longue histoire... Disons seulement que Monsieur de Beaufort m'a été d'une grande aide, ces derniers... temps."

Ou devrais-je plutôt dire, ces dernières ANNEES.

En bref.

Et puis alors, une duchesse inconnue qui s'intéressait à son prénom, ça c'était bien la première fois. Surtout qu'Isabelle pourrait très bien mentir, dire qu'elle s'appelait Désinégonde, ben ça ne ferait ni chaud ni froid à la duchesse, puisque les petites domestiques, les femmes de chambre, ça n'intéressait pas les duchesses.

Mais la dame n'avait pas l'air méchante, alors Brunette ne vit pas vraiment raison de mentir.

Et de toute façon, aucun mortel ne mérite de s'appeler Désinégonde.

"Isabelle. Je m'appelle Isabelle."

Evidemment, le nom de famille était totalement inutile. Quand on a un rang, d'accord, on peut afficher sa lignée et tout, mais on ne peut pas dire que c'était vraiment le cas de notre intrépide Brunette.

Et puis, en fait, cela fit tilt. Ouais, duchesse de Nemours, hum... C'était Philippe qui en avait parlé. Ah ouais, elle s'en souvenait, maintenant ! La duchesse de Nemours, c'était la femme qui était censée pouvoir l'aider en quelque chose pour convaincre Franç...

Et puis elle était qui d'abord pour se permettre d'être plus persuasive qu'Isabelle devant le duc de Beaufort ? Hein ?

HEIN ?

Déjà, Is ne pensait plus à cette histoire de ressemblance. Sinon, elle aurait peut-être pu en conclure que c'était une soeur, une cousine, une tante, une arrière-grand-mère, n'importe quoi dans le style, de François. Oui, mais non. Elle n'y pensait plus et commençait sérieusement à se poser des questions.

Et même à éprouver carrément de la jalousie.

Une moue peu appréciative se formait sur son visage. Alors qu'elle se tenait jusqu'à présent toujours au même endroit, histoire de jouer aux petites filles prises en faute qui regardent leurs pieds en attendant que l'ouragan passe, la demoiselle fit un pas vers la dame, afin de mieux l'analyser. Avant qu'elle ait pu se questionner sur la légitimité d'une telle question, elle l'avait déjà posée, chuchotant tout aussi doucement que pour le coup du "le duc de Beaufort !" :

"Et VOUS, d'où connaissez-vous François de Vendôme ?"

# Ouh, Is, tu te rends compte que c'est à une duchesse que tu parles ?

...

Ah, ouais, tiens.

COURS, ISABELLE, COURS ! #

Mince, mince, et mille fois mince. Elle recula à nouveau d'un pas, pour être prête à tirer de la poudre d'escampette au cas où, se mordant la lèvre inférieure. D'un côté, elle n'avait pas envie de repartir sans la réponse.

De l'autre...

... 'suffisait que la duchesse prenne le chou, et là ce serait la cerise sur le gâteau.

Dire qu'elle était juste venue chercher un conte ! Techniquement, dans les contes, les pauvrettes se transforment en princesse et vont vivre dans un château avec le prince charmant.

Bon, eh bien, j'ai un nouveau conte pour vous. Celui où l'héroïne ne devient pas une princesse, mais finit en bouillie de pauvrette.

Elisabeth fût surprise du changement de visage de la petite brunette. Elle était supéfaite que d'un changement aussi rapide. Elle en était même troubler. La jalousie se respirait dans sa question à la duchesse.

"Et VOUS, d'où connaissez-vous François de Vendôme ?"

Cela amusait en un sens élisabeth mais d'un autre côté, cette domestique fusse t-elle amie de François était bien audacieuse et mal polie. Elle parlait froidement à la duchesse à qui elle devait tout de même un peu de respect.

Au moins un peu..

Elle ne devint pas méchante avec Isabelle loin de là. Elle ne savait pas la nature de sa relation avec François. Après tout peut-être qu'elle ne le connaissait pas. François faisait tourner facilement les têtes. Elle était peut-être séduite par lui.

"Je n'ai pas à me justifier de mes relations avec le duc!"

Elisabeth ne se présenta pas comme sa soeur mais en y repensant, sa réponse était ambigue. Combien de femmes avaient tenter de se lier d'amitié avec elle pour gagner le coeur du duc? Elisabeth était pourtant persuader, en voyant le regard et la réaction de la domestique lorsqu'elle la vit, qu'il y avait plus que cela.

"Quelles sont vos ... relations... avec le duc de Beaufort?"

D'accord, peut-être qu'elle était allé un petit peu trop loin. On a pas le droit d'être aussi insolente avec une dame de haut rang. Son ton, loin d'être agressif, était cependant assez pressant, et évidemment, ça ne risquait pas de plaire à la duchesse. Isabelle se mordit la lèvre, se maudissant de n'avoir pu se retenir de poser la question.

En même temps, eh. François de Vendôme était chasse gardée. Fallait bien qu'elle s'assure des choses.

Peut-être qu'elle aurait été prête, qui sait, à s'excuser du ton mal placé. Peut-être, quelque chose comme "Pardonnez-moi, je n'étais pas à ma place..." Mais avant qu'elle n'ait pu penser à le faire, Madame de Nemours répondit fort pertinemment à la question.

Et cette réponse fort pertinente ne lui plaisait pas du tout. Elle lâcha, d'ailleurs, le conte qu'elle analysait, le laissant tomber sourdement par terre sur une page avec la gravure d'un loup et d'une petite fille de rouge vêtu.

"Mes relations avec le duc". Cela laissait supposer qu'il y avait bel et bien quelque chose entre eux. Et puis, s'il y avait quelque chose à justifier dans cette relation, cela voulait dire tout simplement que...

Que que.

Que Beaufort allait passer un sale quart d'heure.

Pire. Qu'il n'était qu'un menteur briseur de coeurs.

Nooooooon. Pas lui !

Jamais. C'était... un malentendu, assurément ! Et puis...

Et puis...

Brunette pâlit tellement en l'espace d'une seconde qu'on aurait cru assister à une métamorphose en vampire. Avec les crocs en moins.

C'était très sérieux, tout cela. Si François avait vraiment une relation avec une autre femme, Isabelle, elle, elle pourrait être sûre de ne pas s'en remettre. C'est vrai. Elle lui avait fait confiance, avait négligemment détourné les yeux du haut de son petit nuage...

Peut-être... que cela expliquait pourquoi il ne venait pas la voir souvent.

Elle était si inquiète et son coeur battait si fort qu'elle ne le sentait plus battre. Elle voulait avoir le coeur net, bien que cette sensation de vide, de froid au creux de son ventre ne cesse de croître...

Etait-elle trahie ? Trompée ? Abusée ? Avait-elle eu raison de croire en François, tout ce temps ? Au parfait François ?

Au début, la première fois qu'il lui avait fait le cour... elle lui avait résisté. Elle s'était méfiée, de ce jeune noble audacieux... mais comme on sait, il avait tout pour plaire, et elle n'avait pas tenu très longtemps. Est-ce que, par imprudence... Est-ce qu'il était confiable en tout, sauf en amour ?

Oh, il faudrait qu'elle en ait le coeur net. Mais ce n'est pas à cette duchesse qu'elle demanderait plus d'explications. Il est bien sûr qu'Isabelle ne pouvait, après des révélations incertaines, se méfier plus de quelqu'un.

Et puis, la propre question de la dame acheva de confondre Isabelle. Les couleurs qui avaient quitté son visage il y a un instant affluèrent à nouveau ; le sang remonta, même à l'excès. Elle rougit considérablement, tout en faisant un effort pour dire quelque chose. Mais, un instant, elle chercha misérablement ses mots ; ils refusaient de franchir ses lèvres. Pourquoi se troublait-elle autant ?

Parce qu'Il était devenu tellement important...

"Je... Tendues. Très... tendues," répondit-elle, plutôt sèchement.

Enoooorme mensonge, certes. Mais Isabelle ne crut pas très à propos d'informer la dame qu'elle était amante du duc. Pourquoi ? Réfléchissez. Si la dame elle-même se disait l'amante ou la maîtresse du duc, elle n'aurait de peine à se moquer de la petite servante qui était persuadée d'avoir gagné le coeur du jeune homme. Et, franchement, Isabelle n'était pas d'humeur.

Enervée, la femme de chambre se baissa pour attraper, sans plus s'en soucier, le livre qu'elle avait laissé tomber. Elle fit une espèce de révérence pressée à la dame, histoire de ne paraître pas trop malpolie :

"Excusez-moi. Ma maîtresse attend."

Et elle s'enfuit à toute volée, discrète pourtant, hors de la vue de la duchesse, pour emprunter le petit passage secret qui la ramènerait chez Marie. Elle lui ferait, ma foi, d'étonnantes confidences.

Plus tard, Isabelle put lire, un peu avec l'aide de son amie, le conte qu'elle avait pris à la bibliothèque. Et la morale du "Petit Chaperon Rouge", de Charles Perrault, la mit assez mal à l'aise...

Citation :: " On voit ici que de jeunes enfants,
Surtout de jeunes filles
Belles, bien faites, et gentilles,
Font très mal d’écouter toute sorte de gens,
Et que ce n’est pas chose étrange,
S’il en est tant que le Loup mange.
Je dis le Loup, car tous les Loups
Ne sont pas de la même sorte ;
Il en est d’une humeur accorte,
Sans bruit, sans fiel et sans courroux,
Qui privés, complaisants et doux,
Suivent les jeunes Demoiselles
Jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles ;
Mais hélas ! qui ne sait que ces Loups doucereux,
De tous les Loups sont les plus dangereux. "

Elisabeth regarda la domestiqe s'enflammer. La réponse qu'elle lui avait donnée ne semblait pas lui plaire du tout. Elisabeth ne sut comment réagir. Elle était peut-être aller trop loin. Elle avait peut-être été grossière mais avant même qu'elle ait pu s'excuser la jeune femme décida de partir.

Ces derniers mots exprimèrent des relations tendues avec François. Etait-elle une de ses effarouchée qui ne voulaient pas avouer leur sentiement pour François? Ou peut-être que la réponse d'Elisabeth à sa réponse éait trop froide?

Elle ne pu réagir qu'Isabelle s'eclipsa. Si elle était domestique à Versailles, Elisabeth la reverrait surement. Mais pour l'instant, Elisabeth n'avait pas l'esprit à cela. Elle reposa son livre et décida d'aller à la roseraie, seule pour réfléchir.