Dur la vie à Versailles [PV Isabelle]

Lina avait réussit à bien intégrer tous ce qu'elle devait faire au sein du château et réussissait à accomplit les taches qu'on lui demandait assez rapidement: cuisine, ménage, services, courses .... tout y passait.
Sur le plan strictement professionel Lina s'en sortait bien, c'était sur le plan affectif et relationel que cela bloquait. Mais bon rien de nouveaux pour elle, depuis qu'elle s'était enfermée sur elle même, elle avait pris l'habitude de rester seule. D'ailleurs à Versailles elle n'avait aucun amis et à vrai dire n'en voulait aucun.

Aucun .... pas tout à fait, ce qu'elle souhaitait c'était avoir au moins une véritable amie. Et pas de confusion UNE amie, les gars il en était hors de question. Elle refusait d'être sentimentale, et envoyer balader tous ceux qui avaient essayé de l'approcher depuis qu'elle avait commencé à travailler ici.

Lina savait pourquoi elle était comme ça, cela n'avait rien à voir avec un traumatisme ou quelque chose dans le genre. Elle voulait juste se protéger. Mais en se protégeant des hommes elle faisait aussi fuir les filles qui travaillaient au château. En effet celle ci la prenait presque pour une sauvage et une folle, elles ne la comprenaient pas et ne cherchaient même pas à l'approcher pour savoir.
C'est sur ces pensées assez frustrante, que Lina s'occupait de nettoyer les appartements d'un noble. Travail qu'elle détestait car elle se trouvait dans la possibilité de tomber sur l'un deux et elle n'avait pas envit de les entendre lui donner des ordres.

Lina s'affairait autour du grand lit, repliant les draps et les disposant correctement tout autour, faisant attention de ne faire apparaître aucun plis. Mais le lit était gigantesque, pour elle, et le faire lui avait pris une bonne vingtaine de minutes pour être sur que tout soit parfait. Et ça n'était pas finit. La chambre était immense et il restait beaucoup de choses à faire, surtout qu'elle avait un autre appartements à préparer.

Devant la tache ardue qui l'attendait, Lina ne pu s'empêcher de soupirer et de se passer la main sur la figure, comme pour se réveiller. Elle s'était levée tôt ce matin, contrairement à ces nobles pour lesquelles elle travaillait. Elle avait préparé une partie du déjeuner, avant d'être envoyée ici quand les nobles étaient partis manger.
Mais malgré tout cela, Lina aurait préféré souffrir milles taches plutôt que de devoir demander de l'aide.

Elle se souvenait ce matin, dans les cuisines, alors que la matronne lui ordonnait d'aller faire de travail. Elle lui avait aussi demander, pas par gentillesse ou compassion, mais plutôt par habitude:

"Lina tu veux quelqu'un pour t'aider ?"

"Non ... je me débrouillerais toutes seule, avait-elle répondu en levant les yeux au ciel !

Puis elle était partie sans attendre que la matronne ne la force à prendre quelqu'un avec elle. Après tout elle était capable de se débrouiller toute seule, même si elle devait passer la journée à travailler elle le ferait.

Mais alors que Lina se préparait à sortir de la chambre pour aller dans le petit salon de l'appartement, et vérifier que tout était en ordre, la poignée de la porte qui s'ouvrait sur la chambre était en train de tourner. Etait ce le noble qui revenait plus tôt dans ses appartements ? Que ferait-il en la voyant ?

Isabelle marchait péniblement, s'empêtrant dans sa propre robe. Pour une fois qu'on l'envoyait faire autre chose que servir ou desservir dans les cuisines, elle préférait aller vite, même si l'idée d'être ainsi commandée ne lui plaisait toujours pas. Mais cette fois-ci, cette fille, là... comment s'appelait-elle ? Hélena ? Anna ? Bref, quel que soit son nom... pourrait avoir de gros ennuis si elle ne courrait pas. Et elle n'avait pas vraiment envie de voir quelqu'un avoir des ennuis injustement. Après tout, pourquoi la matronne avait-elle envoyé cette jeune fille s'occuper des appartements toute seule ? Elle savait bien, sans doute, que ce serait difficile de faire aussi vite lorsqu'on était seule à ranger une chambre...

La porte apparut devant elle, comme par magie ; essouflée, Isabelle se décida à la franchir. Un pas dedans, elle se voyait dans le riche et luxueux salon de l'appartement de ce Noble... Elle soupira brièvement. Depuis le château de Beaufort, elle en avait vu, du luxe, et cela ne lui faisait plus l'effet d'effarement. Elle acceptait juste passivement que ça existe, et voilà. Quand même, elle n'aurait jamais réussi à vivre dans cet endroit ; c'était trop... trop... vous comprenez. Comment faisaient-ils, eux, les riches, pour vivre là-dedans ? Pour une fois, aussi, elle préférait vivement être pauvre et ne pas être ainsi étouffée.

Une jeune femme était là et vérifiait apparament que tout soit dans l'ordre. Isabelle se mordit la lèvre inférieure. Arrivait-elle trop tard ? "Anna" avait-elle fini ?

Elle toqua à la porte ouverte et interpela son égale, de manière presque hésitante, car celle-ci n'avait pas l'air très contente de la voir... peut-être s'attendait-elle à ce que ce soit quelqu'un d'autre ?

"Heu... Tu... Ça va ?"

Maladroitement, certes, Isabelle tentait d'établir contact. En réalité, elle ne savait pas comment introduire ce qu'elle avait à dire, dû à l'expression de "Anna" qui semblait en colère qu'on la dérange. Devait-elle vraiment avouer pourquoi était-elle là ?

"As-tu fini le travail ? Sinon, on m'a envoyée pour t'aider. Il se trouve que le Noble à qui appartient ces appartements va rentrer plus tôt que prévu, et la matronne est très inquiète..."

Oui, c'était bien pour ça qu'elle était là. Quand on lui avait demandé d'aller aider cette jeune fille qui pourrait avoir des ennuis, elle n'avait pas hésité une seconde. Mais et ce Noble, ne pouvait-il pas rentrer plus tard aussi ? Comment pouvait-il espérer ne pas trouver son appartement encore désordonné lorsqu'il ne donnait pas le temps de le ranger ? Mais bien sûr, les nobles ne sont pas logiques, alors "Anna" risquait de recevoir un châtiment si tout n'était pas prêt dans un quart d'heure... et vu comme les nobles festoient, ranger tout un appartement en si peu de temps, c'était assez difficile...

Lina s'était attendue à TOUT sauf à ça, elle n'avait pas un seul millième de seconde au carré penser voir une autre Servante la rejoindre dans les appartements et de plus pour l'aider. Si elle ne s'était pas habituée à porter un masque pour faire croire que rien ne l'atteignait et qu'elle était capable de tout elle serait presque tomber dans les pommes.
Et oui ! Son coeur battait tellement vite lorsque le poignée avait tournée sur elle même et qu'elle c'était imaginée le pire. Pauvre fille me direz vous ! Et bien non, car elle se remit très vite de ses émotions en entendant ce que l'autre fille avait à lui dire.

Bien sur qu'elle avait besoin d'aide, il ne fallait pas être devin pour le deviner. Mais son orgeuil avait du mal à rester enfouit dans les profondeurs et avait tendance à refaire très, et trop, souvent surface.
Mais d'un autre côté la jeune fille en face d'elle n'avait pas l'air méchante, elle dégageait quelque chose d'étrange à ses yeux.
Cela faisait longtemps qu'elle n'avait plus ressentit une chose comme ça.

"Non ça ne va pas ..."

Et oui, ça n'est pas parce qu'elle avait sentie quelque chose de différent chez cette fille qu'elle allait faire tomber les masques d'un coup, pour faire amie amie. Elle gardait comme toujours ses précautions et aujourd'hui elle utilisait le fait que la jeune fille en question était venue l'aider. Donc par conséquent était sous ses ordres.

Elle garda donc son air sévère et avec une pointe d'agacement ajouta:

"Comment ça rentrer plus tôt ! Comme si on n'avait pas assez de travail. J'ai pas quatres bras ! Tu sais das combien de temps il doit arriver ?"

Pauvre fille, elle se faisait presque enguirlander alors que rien n'était de ça faute, après tout si le noble décidait de rentrer plus tôt elle n'y était pour rien et en plus elle venait en renfort. Mais dans l'esprit de Lina cela ne faisait aucune différence. Quand elle était énervée ou frustrée la première personne à sa portée en subisait les conséquences.

Se rendant compte qu'elle était raide comme un piquet depuis l'entrée de l'autre fille, Lina se déplaça et traversa la chambre où elle était. Elle passa à côté de la jeune fille, sans lui adresser un regard et sortit par là où elle venait d'entrer, se rendant ainsi dans le petit salon, seule pièce qu'il restait à ranger.

Elle regardait avec horreur le pagaille qui y regnait. Elles auraient beaucoup de travail et elle devrait apparement faire vite. Il y avait du avoir une petite fête hier, car il y avait des verres partouts, et certains étaient même renversé ...
Alors qu'elle allait se mettre au travail, elle s'aperçut qu'elle était seule. Où était passé celle qui était censé l'aider. Se retournant elle la vit derrière elle:

"Hey ... toi .... heu"

Hum bonne question ma petit Lina, comment s'appelait la nouvelle venue ? Ca elle n'en n'avait aucune idée, mais il serait plus facile de lui demander des choses si elle connaissait son prénom.
Mais les présentations n'étaient pas son point fort, elle n'avait à vrai dire plus l'habitude d'en faire. Elle était si souvent isolé que le simple fait de dire son nom à un étranger en devenait presque terrifiant.

"Je m'apelle Lina, et toi quel est ton nom ?

Mais Lina ne s'attarda pas la dessus, reprenant la conversation au point quel jugeait le plus important. Après tout elle n'était pas la pour papoter mais pour travailler.

"Tu viens m'aider ............ s'il te plait ?"

Trop forte Lina, tu as réussit à le dire. Un effort surhumain pour la jeune fille, surtout envers une personne de son rang qu'elle ne connaissait pas.
Elle n'arrivait toujours pas à comprendre pourquoi elle agissait si différement avec cette personne ....

Ah, super, vraiment. Non seulement "Anna" avait l'air en colère, mais en plus, elle était restée quelques secondes immobile à la regarder comme si elle était une bonne soeur complètement folle échappée d'un couvent. Enfin, bien qu'Isabelle n'en ai jamais vu une, elle imaginait que ce serait comme cela qu'elle serait regardée.
De plus, la jeune femme parlait assez de manière assez peu agréable... Isabelle en fut quelque peu piquée, mais n'en montra rien. Après tout, peut-être que "Anna" était tellement débordée par le travail qu'elle était désagréable, ou... ou... que sais-je ! Même s'il est vrai que, pour une première approche, ce n'était pas vraiment comme cela qu'on pourrait le souhaiter.

Mais même avec cet air sévère, elle n'intimida pas Isabelle, car celle-ci était tout simplement lasse de devoir faire face à des mines autoritaires. S'il le fallait, elle subirait, voilà tout, et si elle trouvait quelque chose à redire, eh bien, elle ne se laisserait pas faire. C'était aussi simple que cela.

Évidemment, l'autre servante avait l'air agacée au plus haut point, et il ne serait pas très prudent de la contrer et provoquer. Advienne que pourra, se dit Isabelle avec une esquisse d'un sourire mental.

"Eh bien, oui, rentrer plus tôt." émit-elle avec un ton aussi sec que celui de la jeune domestique. "Je sais bien que tu n'as pas quatre bras, et je suis là pour ça. Pour que tu n'aies pas d'ennuis, parce que tu sais bien que les Nobles sont illogiques..."

Illogiques... oui, tous étaient illogiques. Même François, parfois... Isabelle sourit à cette remarque mentale, et reprit dans un ton un peu plus amical.

"D'après la matronne, tout doit être prêt dans... quinze minutes."

Isabelle se demandait si "Anna" aurait vraiment besoin d'elle, finalement. Après tout, elle avait tout rangé, déjà, il ne devait plus rester grand chose. Cette question fut cependant répondue lorsque la jeune femme décida enfin de se mouvoir, et se déplaça vers un salon. Petit salon qui... Oh Mon Dieu !

Ébahie, Isabelle resta à la porte, n'osant pas entrer à la suite de celle qu'elle suivait, ni même osant y croire... Comment des êtres humains pouvaient-ils réussir à faire... à... à faire ÇA ?

Il y avait eu une réception, sans doute, ou les choses dans le genre que ces bêtes étranges qu'on appelait nobles devaient faire de temps en temps, comme des rituels malsains qui vous écoeurent lorsque vous voyez le résultat, et devez d'ailleurs vous en occuper. Chaises et tables renversées, Verres brisés ou renversés aussi... Non, ce n'était pas une réception ! Cela avait été une orgie !

Muette, la seule chose qu'Isabelle arriva à questionner sur le moment à voix haute, ce fut une question assez stupide.

"Je me demande... ce qu'ils fêtaient !" commenta-t-elle assez stupidement, on ne peut le cacher.

Une interpellation sortit la brunette de sa léthargie... Sonnée, elle dut se répéter plusieurs fois les mots de sa collègue pour en comprendre le sens. Et quand elle les comprit, elle eut un petit sourire enviésé, car elle ne s'appelait certainement pas "Hey... toi... heu".

La jeune femme sembla gênée pendant un petit instant, le temps de se présenter. Isabelle s'approcha un peu d'elle pour lui répondre de manière joyeuse.

"Je suis Isabelle, enchantée."

La pauvrette épiait... Lina ! Non, elle ne s'appelait pas "Anna", mais Lina. C'était bon à pouvoir lui accorder un nom sûr...

La pauvrette, donc, épiait Lina du coin de l'oeil, et une chose ne lui fut pas démentie : Lina n'était pas n'importe qui. Sa difficulté à dire certains mots comme "S'il te plaît" ou à se présenter étaient vus par la brunette comme le résultat d'une espèce de masque qu'elle enfilait, car on voyait bien dans ses yeux que Lina n'était pas méchante. Ah ! Les yeux sont réellement, et seront toujours, la fenêtre de l'âme.

"Bien sûr, j'arrive."

Avec ces simples mots, Isabelle se dirigea vers un coin de la petite salle et commença à ramasser les verres en premier lieu, tout en remettant en place certains meubles. Le temps était compté, et le travail leur serait sans doute ardu... mais si elles s'y mettaient tout de suite et faisaient de leur mieux, elles y arriveraient sans doute, car elles avaient déjà perdu beaucoup trop de temps...

Quinze minutes !!! Les deux filles avaient à peine quinze minutes pour nettoyer et ranger tout ce carnage. C'était presque impossible, et c'était même la première fois depuis qu'elle travaillait qu'elle voyait une telle horreur. Et le mot horreur n'était même pas assez fort aux yeux de Lina pour exprimer le dégout qu'elle ressentait en voyant ça ...

Même si elle ne le reconnaîtrait pas ouverte, elle en fait très reconnaissante que la matronne est envoyée .. hum Isabelle, c'était bien cela son prénom, pour l'aider. Même si cette tache relevait presque du suicide, à deux elles avanceraient toujours plus vite.

Isabelle devait ne pas la connaître, ni avoir entendu parler d'elle. Car ceux qui connaissaient Lina ne lui parlait pas, où en tout cas pas aussi joyeusement, quand il s'agissait de se présenter. Voir une personne avec de la bonne humeur dans la voix avait de quoi déstabiliser la petite Lina.

Lina c'était rendue à un bout de la pièce et tout comme Isabelle, elle ramassait les verres brisés sur le sol et elle essuyait du mieux qu'elle pouvait les tapis tachés avec son tablier. Le silence commençait déja à s'installer entre les deux femmes et pour une fois cela l'embêtait. Ce qu'elle ne comprenait d'ailleurs pas.
Mais elle ne put s'empêcher de parler, comme elle l'aurait fait des années auparavent avec ses amis.

"Ces gens sont vraiment sales quand ils s'y mettent."

Cela était plus une constation qu'un véritable début de constation, mais en cinq ans, Lina avait perdu l'habitude. Ce qu'elle disait était donc toujours un peu brut, et elle n'arrivait pas trop à macher ses mots. Si jamais quelqu'un de plus important l'avait entendu dire ses mots elle courut de gros risques.

Elle s'avança au centre de la pièce, la où une énorme table ronde était en bois était renversée par terre. L'attrapant avec les deux mains elle se mit à tirer très fort pour la redresser. Elle avait beau tirer la table n'avait pas bouger d'un millième de millième de millimitre.
Lachant la table, elle en vint (comme une grande fille ^^) à la seule conclusion que pour y arriver elle aurait besoin d'Isabelle. Mais de devoir lui demander deux fois sont aide en si peu de temps avait de quoi la frustrer.

Mais elle n'avait le choix, mieux valait être blessée dans son orgueil avec Isabelle que de se retrouver face à un noble bête et méchant qui voudrait alors les punir pour le désordre qu'IL aurait mis dans ses propres appartements.

"Isabelle, pourrait tu venir m'aider, je n'y arriverais pas toute seule"

Tous les gens qui la connaissaient depuis qu'elle était devenue renfermée n'en n'aurait jamais cru leur oreille devant la tirade de Lina. Peut-être seraient-ils tomber dans les pommes. Cette pensée fit rire la jeune fille qui voyait le vieux monsieur de son ancien village dire qu'elle était un cas désespérée impossible d'être polie et gentille. Il serait probablement mort sur place en voyant cette scène.

Après avoir remis la table debout avec l'aide d'Isabelle, Lina se mit à regarder partout dans la pièce. Observant avec un intérêt grandissant le chantier de la pièce qu'il restait à ranger. Et il en restait beaucoup ... mais Lina devait bien avouer qu'avec l'aide d'Isabelle elle avait bien avancée et plus vite que prévue.

Mais non, ça n'était pas vraiment pour cela qu'elle fuyait le regard de la jeune fille. Elle devait dire des mots, mots qui étaient bien plus dur à dire que "aide moi s'il te plait", pour elle. Mais il fallait le faire.

".....merci...."

Puis sans demander son reste elle repartit à l'assaut de son ménage. Isabelle ne devait pas le savoir, mais ce que venait de faire Lina depuis son arrivée, ne c'était pas produire depuis cinq ans. Elle avait passée cinq ans, sans jamais demander de l'aide, ni l'accepter, ni jamais remercier.
Et pouf, depuis qu'Isabelle était entrée dans la pièce, elle agissait bizarrement. Elle ne savait pas pourquoi.

Il faut dire que cette longue période passée seule, cela commençait à devenir dur pour une jeune fille de 17 ans. Personne à qui parler, à qui se confier ...
Mais Lina avait encore et toujours du mal à accorder sa confiance. Cela changerait-il avec Isabelle, elle ne le savait pas.

Isabelle, pour tout dire, était si concentrée dans sa tâche ardue qu’elle n’avait pas vu la remarque venir, et en fut bien surprise, faisant presque tomber les verres quasiment intacts qu’elle avait réussi à arracher des débris, assez dangereux, de verres. Par contre, elle reçut une coupure à la main avec ce sursaut.

"Aïe !" émit-elle avec une grimace.

Un morceau de verre lui était en effet entré dans la peau. Doucement, elles déposa les verres comme elle pouvait sur une petite table qu’elle avait précédemment relevée, tempêtant contre ce fameux débri de verre et maudissant sa maladresse. Morbleu ! Cela ne la ferait que perdre du temps encore... elle ne pouvait pas se donner ce luxe. Aussi, tout ce qu’elle fit fut tenter de retirer ce minuscule éclat de là, et lorsqu’elle y fut à peu près parvenue, non sans tacher son tablier d’un peu de sang qui coulait de son doigt, elle n’eut qu’à continuer son travail, ignorant la douleur qui la pointillait.
Hum ? Ah... ah, oui, c’est vrai... Lina avait dit quelque chose, non ?

"Comment ? Ah, oui, c’est vrai. Je n’aurais jamais cru voir autant de désordre de ma vie."

La jeune femme se trouvait tellement distraite qu’elle ne s’étonna même pas du ton brusque de sa collègue. Elle avait juste répondu d’un commentaire morne, une constatation reformulée, car lorsqu’elle était concentrée sur quelque chose, elle savait qu’il valait mieux ne pas l’en déconcentrer, car elle pouvait bien après avoir du mal à reprendre la même concentration.

Presque une éternité passa, pourrait-on dire, sans qu’elles se parlent. Pourtant, cela ne faisait pas cinq minutes qu’elles s’étaient mises au travail. Il ne restait cependant que très peu de temps dans les quinze minutes qu’on leur avait accordées, et le noble détenteur de cet appartement, mais aussi de tout ce désordre, pourrait apparaître à n’importe quel moment. Et, si elles avaient le malheur de ne pas avoir fini lorsqu’il arriverait... ces deux demoiselles risqueraient bien de se trouver dans d’assez graves ennuis...
C’était totalement absurde, tout de même, au vu d’Isabelle. On leur donnait une limite de temps impossible à tenir, et après, c’était elles qu’on punissait d’avoir essayé de relever un défi absurde ? Elles, qui n’avaient cessé de travailler pour obéir à leurs ordres ? Non mais, c’était vraiment... comme on dirait dans les campagnes, le pompon sur la Garonne ! Ils n’avaient qu’à les nettoyer eux-même, leurs salles encrassées, l’on verrait bien qui rirait ! Malheureusement, ces arguments très intéressants et pleins de vérité ne seraient sans doute accueillis que par de jolis coups de fouet. Et, rien qu’à cette pensée, Isabelle grimaça, car des coups pour son insolence lui brûlaient encore le dos.

Ces pensées, non très réjouissantes, je vous l’accorde, furent interrompues par la voix de Lina, à nouveau. Isabelle en sourit, car elle avait cru comprendre que ce genre de demande coûtait quelque effort à l’autre jeune femme. Seulement, elle se questionnait sur le pourquoi de la chose. Elle était là pour l’aider ; ce n’était pas comme si cela pouvait blesser un quelconque orgueil... Légèrement intriguée par cette pensée, la demoiselle n’en laissa pourtant rien paraître, et accourut pour aider sa collègue. Entretemps, elle put entendre un léger rire de la part de Lina, et ne put s’empêcher de lancer un regard interrogateur envers celle-ci. Qu’y avait-il de si drôle ? Était-ce quelque chose qu’elle aurait faite sans s’en apercevoir ? Mais, observant Lina, elle en conclut que cela n’avait rien à voir avec elle, que c’était une chose qu’elle ne comprendrait de toute manière pas. Alors, bien que curieuse, la brunette haussa les épaules, signe qu’elle laissait tomber l’affaire.

Si soulever la table pour Lina toute seule fut quelque chose d’impossible, ce fut une chose assez facile pour les deux ensemble. À nouveau, un léger sourire joua sur les lèvres de notre brunette ; cela démontrait, en quelque sorte, le proverbe qui disait que l’Union fait la Force.
La pauvrette, contrairement à Lina, préféra ne pas regarder tout de suite le désordre qu’il restait, de peur d’être découragée. Alors, pendant que celle-ci contemplait la pièce, Isabelle entreprit de s’avancer. À vrai dire, elle commençait réellement à craindre d’entendre des pas dans le couloir qui venait de l’antichambre. Finiraient-elles à temps ? Mon Dieu, pourvu que oui !
Pendant qu’elle reprenait le travail, il lui sembla entendre un souffle. Comment ? Était-ce vraiment un remerciement ? À vrai dire, la jeune domestique ne s’était même pas attendue à ce qu’elle la remercie. Cela lui avait semblé tellement normal ! Je veux dire, relever une table n’était pas quelque chose qui la dérangeait, c’était même son travail... pourquoi Lina la traitait-elle comme si c’était parfaitement anormal qu’elle l’aide ? Comme si c’était une chose extrêmement rare et singulière ? Interloquée, on vit la brunette laisser les verres brisés de côté pendant un instant, pour regarder Lina dans les yeux.

Mais qui vous dit qu’elle les rencontra, ces yeux ? Non, ce ne fut que vide, car Lina était repartie à son tour à son ménage. Mais Isabelle n’était pas prête à se taire ; elle tenait à dire ce qu’elle avait à dire, et tant pis si Lina jouait les fortes têtes ou ne l’écoutait pas ; au moins, elle le lui aurait dit.

"Mais, Lina, c’est tout naturel... je ne comprends pas. Cela te blesserait-il dans ton orgueil ? Encore, si j’avais été un de ces nobles illogiques et prétentieux, j’aurais compris que tu répugnes à me demander de l’aide. Mais moi, je suis ta collègue, et je suis là pour t’aider... non, vraiment, je n’arrive pas à saisir. Entre filles du peuple, il nous faut aider, non ? Cela ne me dérange aucunement de te rendre service... évidemment, cela ne veut pas dire qu’on doit contourner la politesse, mais..."

En réalité, la pauvrette ne cherchait pas à faire la leçon à sa collègue. Non, aucunement ! Juste à lui transmettre ce qu’elle en pensait. Elle avait appris à rendre service à ceux de son peuple, et ceux-ci le lui rendaient tout aussi gratuitement si elle en avait besoin... enfin, bien sûr, ils n’étaient pas tous comme cela ; mais avec certains collègues qu’elle ne connaissait pas bien, même, elle agissait comme cela. Surtout s’ils étaient engagés pour ça ! C’est pour ces raisons qu’Isabelle ne comprenait pas les gênes de la jeune servante.
Il faudrait faire remarquer que la dernière phrase avait été dite plutôt en un murmure seulement, car rappeler la politesse à Lina ne lui semblait pas vraiment une bonne idée, déjà que celle-ci y puisait son mal. Cette phrase n’était là que pour qu’il soit compris que, si notre brunette acceptait de rendre service, elle refusait les ordres. Être contrainte à obéir aux courtisans lui semblait bien assez pour qu’en plus on lui demande d’obéir aux ordres de ses propres amis.

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