Dans une ruelle de Paris...

Ce n'est pas tous les jours qu'on peut en profiter et rester dans les ruelles de Paris à vaguer sans but précis. Pas tous les jours... surtout lorsqu'on est domestique au château du Louvre.

En y pensant, Isabelle fronça inconsciemment les sourcils. Une agitation règnait à la Cour, ces derniers temps... elle n'aimait pas ça. Serait-ce un signe de changement ? Un secret gardé par les courtisans ?

Elle traînait des pieds. Son regard s'attarda sur des gamins de la rue, des voyous qui s'amusaient, criards, tranquillement. Dans ce groupe, il y en avait de son âge... quinze ans... l'enfance est très vite volée, n'est-ce pas ? La sienne avait été volée par la mort de sa mère... et par son entrée comme servante à la Cour.

Elle fut tentée de demander de se joindre à eux... mais... non. Pas maintenant. Pas tout de suite. Plus tard.

Mais plus tard, elle risquerait de ne plus avoir de temps à gaspiller.

Elle se résolut à continuer son chemin, faisant au passage un petit signe à l'un des garçons, garçon qu'elle connaissait d'ailleurs. Il lui répondit par un sourire... et un clin d'oeil ? Elle rougit. Hum... Est-ce bienséant de faire des signes de la main à un garçon des rues ?

*Isabelle... commencerais-tu à penser comme les nobles de la Cour ?*

Elle fut prise d'un petit rire en trouvant la chose ridicule. Le sourire qui en résultat ne se décolla pas de son visage pendant un long moment.
Elle vint alors à se choquer contre quelqu'un.
D'accord, c'était de sa faute, elle était trop distraite... mais au moment de s'excuser, son sourire, au lieu de paraître navré, sembla à l'inverse plus rieur qu'avant. Cette personne pourrait bien le prendre pour moqueur...

"Je... veuillez m'excuser, j'en suis confuse..."

Marie venait d'arriver en France depuis peu, ayant quitter son Italie natale pour la cours de France. Pourquoi me direz vous ? Et bien tout simplement pour trouver un mari, voila quel était le but de sa venue. Mais pour l'instant la jeune fille n'avait pas été introduite à la cours par son oncle et elle vivait dans un riche hôtel de Paris.

N'ayant rien à faire de ses journées, la jeune demoiselle, flanait la plupart du temps dans les rues de Paris, essayant de percer les secrets d'une des plus grandes et belles villes d'Europe.

Marie observait ... Voila en quoi se résumait son occupation du moment. Elle avait vu Notre Dame de Paris, la grande cathédrale, peu de temps avant dans la journée. Tout pour elle n'était qu'enchantement dans cet endroit ... dépourvut de personne pour la surveiller.
Mais à vrai dire quelque chose d'autre avait marqué la jeune fille: la misère dans laquelle semblait vivre le peuple.
A vrai dire, même chez elle, le peuple vivait dans de mauvaises conditions mais ici il semblait encore plus affectés.

C'est d'ailleurs parce que Marie ne faisait pas attention où elle marchait qu'elle percuta quelqu'un. Elle fut toute génée, de ce manque d'attention et du mal qu'elle avait pu causer à la personne en face d'elle. Baissant le regard, ce qu'elle vit la géna encore plus, c'était une fille du peuple ... qui lui présentait des excuses.
Mais après tout c'était elle qui n'avait pas fait attention.

-Ne vous excusez pas. C'est plutôt à moi de vous faire des excuses je ne faisait pas attention.

Marie se sentait un peu perdue. Elle ne savait pas en réalité comment elle aurait du réagir à cette situation. Ce qu'elle avait fait lui semblait bien, mais était ce l'attitude qu'elle devait avoir selon sa famille. Tant de questions sans réponses chez la jeune Marie

La jeune fille ne prit pas garde à qui elle avait affaire. Si elle l'avait fait, une révérence se serait peut-être imposée dans la seconde... mais savez-vous, une Isabelle distraite ne fait pas attention à grand-chose.

"Il me semble que nous étions toutes deux distraites..." commenta la brune avec amusement. "Je ne pense pas alors que nous aurions toutes deux à nous excuser, ce serait une vraie perte de temps... ne pensez-vous donc pas ?"

Un autre petit rire lui prit compte. Isabelle aimait à faire la conversation avec n'importe qui... dans la rue. Avouons que, si elle savait seulement su que la personne devant elle était riche, chose qui se remarquait à ses habits, elle aurait attendu en silence que cette personne passe son chemin, non sans avant hurler sa maladresse à sa figure... non, elle n'avait pas confiance à ceux qui se trouvaient supérieurs. Seule la simplicité paysanne l'intéressait. Le peuple... c'était sa famille. Et la rue... c'était son univers. Non, pas de beaux châteaux...
Ne cachons pas non plus qu'elle aurait préféré être riche, largement, à être miséreuse, mais sa fierté ne lui permettait pas de l'avouer. De plus, tout comme la demoiselle qui se tenait en face d'elle, elle savait bien que, si elle avait appartenu à cet univers, elle n'aurait pas été libre de ses choix... non, la liberté pour elle ne s'achetait pas !

"Mais, si ce n'est pas indiscret, quelles étaient tes préoccupations ?"

On passe au tutoiement, Isabelle ? Oui, il était courant dans la Rue de se tutoyer... après avoir bien regardé si c'était un paysan. Isabelle, ma chère, il se peut bien que cela t'en coûte... d'avoir oublié cette règle primordiale...

Passer du vouvoiement au tutoiement perturba quelque peu la jeune fille, elle qui n'avait à sa connaissance jamais eu à tutoyer quelqu'un. Mais après tout, la jeune fille en fasse d'elle n'avait pas l'air mal à l'aise, peut-être que cette chose se faisait en fin de compte.
Il était étrange aussi de voir comme une simple femme du peuple avait des pensées beaucoup plus simples et rationnelles qu'un membre de la cours. Elle ne voyait pas l'intérêt de perdre du temps en excuses inutiles, chose qui à la cours était très utilisées. Une petite excuse par-ci, une autre par la ... broutilles dans l'esprit de Marie.

-Je viens seulement d'arriver en ville et je suis absorbée par tout ce que je vois .... exepté la où je dois mettre les pieds !!

Marie se découvrait à mesure que la petite conversation avançait. Jamais elle n'aurait parlé comme ça si son oncle ou sa mère avaient été dans les parages. Ils lui auraient surement dit que cette pointe d'humour n'était pas digne d'une jeune fille de son rang !

-Et ... toi, quelles étaient tes préocupations ?

La jeune fille avait du faire un effort sur elle même pour oublier une grande part de son éducation et faire fit des convenances: elle était passée au tutoiement. Rien d'exceptionnel et pourtant, elle qui essayait de suivre à la lettre depuis son arrivée en France les préceptes exigents de son oncle ... voila qu'elle faisait comme si on ne lui avait rien appris.
Et cela lui plaisait !
Autre chose avait nécéssité cette question. Il n'avait bien sur pas échappé à Marie que la jeune fille à laquelle elle s'adressait était du peuple: mais à quoi pouvait bien penser une de ces filles ? Qu'elles étaient les choses qui la préocupaient ?

Un trouble dans l'expression de la blondinette ? Isabelle n'en vit rien. je vous l'ai dit, elle ne faisait pas attention...
L'humour de la jeune fille fit juste la brunette sourire de plus belle.

"J'ai cru avoir compris cela... Nous devrions toutes les deux prendre garde... imagine seulement, on pourrait tomber sur un noble !"

Isabelle ? Isabelle ! ISABELLE ! Tu as regardé ses vêtements ? Ses manières ? Elle est surement noble ou au moins courtisane ou... oh, laisse tomber. Après tout, si tu veux rester à rire devant la demoiselle...
Car tout ce que faisait la jeune fille du peuple, c'était rire. Aujourd'hui, elle avait plutôt envie de s'amuser... oublier le Louvre. Ne plus imaginer seulement le mot "Cour" !
Mais c'était exactement maintenant le moment où elle aurait dû se taire...

D'ailleurs, la question qui s'ensuivit de la blondinette aurait dû servir comme une espèce d'avertissement.
Mais non.
Son visage s'assombrit légèrement.

"Ah, vois-tu, je travaille à la Cour... et je peux te dire que toutes mes préoccupations viennent de là. Je pense que les manières des courtisans m'affectent, crois-tu ? Je m'en voudrais de penser comme eux..."

Un autre éclat de rire se fit entendre. Et la brunette qui d'habitude était si méfiante se perdait elle-même... enfin, cela dépendrait de cette demoiselle et comment prendrait-elle l'égarement de cette fille du peuple...

"C'était ce à quoi je pensais avant notre rencontre... je me nomme Isabelle !"

Son joli sourire avait refait surface, montrant son ravissement. Non, rien ne pourrait lui enlever le sourire aujourd'hui... pas aujourd'hui.

Vraiment ?

Il n'y avait qu'une chose à dire après une telle démonstration de joie de vivre: Marie enviait la jeune fille qui se tenait en face d'elle. Elle aurait donné gloire, richesse, bijoux et château pour être à sa place. En effet, la dénommée Isabelle n'en n'avait que faire des convenances et elle vivait comme elle l'entendait.
Bien sur, elle travaillait au château et sa vie ne devait pas être des plus facile, cependant elle ne devait pas avoir sur elle cette constante pression de vivre selon un code bien établit dont le mot d'ordre était: "Plaire et Paraître".
Il n'y avait rien de vrai dans la vie de la jeune Marie Mancini.

Cependant si la jeune fille se permettait envers elle un tel élan de joie et de sympathie, malgré son discours, c'est qu'elle n'avait surement pas remarqué qu'elle était une courtisane.
Mais elle ne lui en voulait pas, cela était bien plus agréable pour Marie de converser avec une jeune fille tel qu'Isabelle.

Elle lui devait aussi cependant la vérité. C'est pourquoi, avec un sourire assez gênée elle répondit:

-Et je me nomme Marie, Marie Mancini, ... futur courtisane à la cours de France.

Elle avait bien sur hésité à dire ces mots, mais si Isabelle l'avait appris par elle même plus tard elle lui en aurait surement voulut.

*Voila que tu te préoccupe de ce que vont penser les gens du peuple sur toi !! Si ton oncle te voyait ...*

Cette pensée fit sourire la jeune femme intérieurement. Son oncle lui en voudrait de converser avec une femme du peuple. D'ailleurs voila ce que Marie avait volontairement omit de dire sur elle: Qu'elle était la nièce de Mazarin, le cardinal. Même si elle n'était la que depuis peu, elle avait entendu de nombreuses choses et même son oncle l'avait prévenu. Il n'était pas apprécié par le peuple, et si cela se savait que sa nièce se promenait seule dans les rues de Paris ...

Ayant peur de la réaction d'Isabelle, elle s'empressa d'ajouter

-Je ne t'en veux pas pour ce que tu as dit.

La joie s'évanouit aussitôt... ou plutôt, non, ne s'évanouit pas, mais fut légèrement réprimée à plus tard.
Hum, Isabelle, je t'avais prévenue.

Ainsi donc, cette jeune femme serait bientôt intégrée à la Cour ? Que faire ? Comment réagir ?
Après avoir sympathisé avec quelqu'un, on ne peut pas simplement le rejeter seulement parce qu'on découvre qui c'est, n'est-ce pas ?
Peut-être... mais Isabelle ne pouvait être sûre de la réaction de la future courtisane. Le "Je ne t'en veux pas" pourrait la rassurer mais... non... au cas où, s'excuser profondément et... la vouvoyer à nouveau...

La brunette se trouva partagée. Continuer la conversation comme si de rien n'était ? Ou se plonger dans mille courbettes et révérences et excuses inutiles ?
Elle opta pour une demi-option.

"Oh... j'espère que... Mademoiselle Marie... ne m'en veut pas trop ?" lança-t-elle avec un sourire misérable d'excuse, faisant une courbette maladroite.

Destabilisée... destabilisée ! Elle qui était toujours si courageuse ! Mais courageuse n'a jamais voulu dire sûre de soi...
C'était presque une torture pour cette jeune fille que de se sentir en position de faiblesse. Imaginez quand on ne sait pas quoi faire... destabilisée !

"Vous... que... pourrais-je faire pour me faire pardonner mon insolence ?"

Aïe, et voilà que Marie semblait gênée elle aussi... Étant donné que la brunette avait déjà sympathisé avec la courtisane, je peux vous dire que cela lui faisait mal au coeur de la voir ainsi gênée par sa faute. Pourquoi ? Parce que cette personne était quelqu'un de bien. Elle le pressentait.

"Je sais qu'il ne m'appartient pas de vous juger... mais vous me semblez différente et... d'une gentillesse extrême de... ne pas m'en vouloir."

Elle baissa le ton. C'était maintenant celui de la confidence.

"Je peux vous assurer, l'on m'a rarement pardonné une maladresse de la sorte à la Cour... Bien que je n'y travaille depuis quelque temps seulement..."

Ce "quelque temps" qui lui paraissait des millénaires. A-t-on idée ? Elle n'était qu'une enfant encore, selon elle. Et sa jeunesse... consummée par tout cela. Oh, elle aurait volontiers travaillé de tout coeur à la Cour pour soutenir sa famille, mais... plus tard. Puisqu'elle n'avait pas le choix de toute façon. Ce que Marie ne savait pas, c'est qu'Isabelle, malgré tout l'ennui qu'elle trouvait à la Cour, aurait donné n'importe quoi pour être dans un milieu aisé. N'importe quoi... aurait-elle donné sa liberté ? Cette liberté était de toute façon déjà opprimée... Tout se confondait encore dans le coeur de la jeune femme. Ces complications et questions qui apparaissent souvent à son âge... Mais qu'elle devait taire en attendant. En attendant quoi ? Certainement pas la liberté...

"... certains m'ont déjà mandée frapper au fouet, comme une vulgaire esclave..."

Cette violence si souvent cachée l'attristait, d'autant plus qu'elle était une des rares personnes à en bénéficier. Était-ce de sa faute si elle était distraite et maladroite, rêvassant d'une vraie liberté que seuls les enfants possèdent ? Son impulsivité, et donc son insolence refaisaient surface presque à chaque fois, et elle refusait d'obéir, pour être souvent... envoyée dans les cachots... où... on la... on la...

Des coups récents lui brûlaient encore le dos.

La jeune fille secoua la tête. Elle ne voulait pas y penser ! Non, non !

Elle reposa son regard vers la jeune fille qui se tenait en face d'elle. Elle semblait intéressée par Paris, n'est-ce pas ? Mais, réellement, même si la ville semblait la fasciner... elle semblait un peu... raide ? Comme si on la surveillait tout le temps, lui mettant une règle dans le dos chaque fois qu'elle se penchait. Raide... et aucunement libre...
Il est vrai qu'il est difficile d'éprouver de la pitié pour quelqu'un qui est plus aisé que soi. Mais de la compassion ? Puisqu'Isabelle ressentait à peu près le manque de liberté, mais celui de la demoiselle était visiblement pire.

Les yeux sombres de la brunette se figèrent dans le vague. Y verrait-elle un moyen de se faire pardonner ?

"Mademoiselle... m'excuseriez-vous si je vous montrais Paris sous un jour... différent ?"

Oui, elle avait bien une idée en tête... une idée qui pourrait à jamais changer les relations entre ces deux jeunes filles. Que ce soient des relations sociales ou intimes... oh oui, bien du changement... Un doux sourire apparut sur ses lèvres. Un sourire amical et rassurant... un sourire franc. Un sourire espiègle et rempli d'astuce. Un sourire libre.

hj: je te préviens d'avance que je ne ferais pas un aussi long post que toi, mais je veux te répondre avant de partir T_T

Après avoir vu la première assurance et franchise de la jeune fille, Marie n'avait pas vraiment pensée qu'elle pourrait la destabiliser à ce point la ! Elle avait essayer d'ammener les choses en douceur et pourtant, elle avait presque l'impression d'avoir terrorisé Isabelle, chose qu'elle ne voulait Absolument pas. Elle aimait bien trop le caractère de cette fille pour la blesser.

Alors qu'Isabelle essayait tant bien que mal de se justifier et de se faire pardonner, Marie ne savait plus trop où se mettre. Il faut dire que d'habitude ça n'était pas à elle qu'on faisait des excuses mais c'était plutôt elle qui devait en fournir parce qu'elle c'était mal conduite selon sa mère.

Elle ne put aussi empêcher son visage de dépeindre une expression d'horreur lorsqu'Isabelle parla des coups de fouets. Donner des coups de fouets lorsque c'était un esclace ou un voleur, elle voulait bien essayer de comprendre même si elle trouvait ça grossier, mais sur une jeune fille qui faisait juste une erreur de vocabulaire ...

Marie espérait que le discours de la Brunette se terminerais bientôt, elle n'avait ni envie de la couper ni de la punir, elle voulait juste lui redire encore une fois que ça n'était pas grave.

Ses yeux prirent alors une couleur spéciale lorsque la jeune fille lui proposa de lui faire découvrir Paris sous un nouveau jour

-Je t'excuserais volontiers si tu me faisais découvrir ce Paris que tu connais ... et si tu me tutoyais comme précédemment. Nous ne sommes pas à la cours, personne ne nous entendra, nous pouvons nous le permettre !

Elle voyait bien qu'Isabelle était gênée à suivre les règles de l'équitte et elle ne voulait pas lui imposer de suivre des règles qu'elle même suivait à contrecoeur la plupart du temps.

De plus, elle sentait que la jeune fille l'appréciait, même si ça n'était pas de l'amitié, ce n'était pas comme si elle la détestait.
Elle allait découvrir un nouveau monde avec Isabelle, celui des gens du peuple, des véritables gens qui composaient ce royaume. Et elle espérait en retirer de grands enseignements pour sa future vie à la cours.

Elle était aussi ravie d'entendre que Isabelle y travaillait, même si elle n'aimait pas y travailler. Après tout si cette journée en sa compagnie se passait bien elle aurait peu être une amie, ou une confidente à la cours. Quelqu'un avec qui partager ses ressentiments et passion

-Isabelle, je te laisse me faire découvrir ce Paris que j'ignore.

Cette oportunité de se faire pardonner et de montrer son monde à la courtisane fit les yeux de la jeune fille briller intensément. Non seulement cela lui permettrait d'oublier tous ses soucis... mais cela pourrait aussi la rapprocher de cette jeune femme pour qui elle était déjà reconnaissante ? Reconnaissante de ne pas lui en vouloir, reconnaissante de, apparament, l'accepter, toute maladroite et distraite qu'elle fût. Reconnaissante de lui permettre de la tutoyer... peut-on être reconnaissante à ce point lorsque vous n'avez de la personne en face de vous qu'un bon pressentiment et aucune connaissance ? Peut-être...

"Comme tu le voudras, Marie..."

Pour accentuer ce qu'elle disait, Isabelle fit une courbette ridicule, dans le but de faire rire la demoiselle. Lorsqu'elle releva la tête, elle avait cependant l'air perplexe, confus et même songeur.

"Dis-moi... es-tu sûre d'appartenir à la Cour ? Là-bas, tout n'est que fausseté et..."

La jeune fille soupira. Elle n'allait pas non plus recommencer à en parler... parler de ce qui la tracassait et poursuivait.

"Tu n'es pas comme les autres courtisans."

Ce fut sur ces mots qu'elle osa poser ses mains délicates sur celles de la blondinette. Un sourire lui parcourut les lèvres.

"Je vais te montrer... pour cela, il faudra que tu me suives."

Elle pensa tirer la presque-inconnue de part les rues. Mais... pensez donc. Si quelqu'un reconnaissait Marie dans un de ces coins de rues qui lui étaient interdits et rapportait la nouvelle aux oreilles de ceux qui la chaperonnaient ? Non, non. Cela ne devait pas arriver.
Ou tout simplement, les paysans regarderaient d'un oeil méfiant cette fille de riches. Et même plus ; ils pourraient douter de ce singulier rapprochement entre une fille du peuple et une jeune fille d'apparence bourgeoise... hum...

Il fallait trouver une solution.

La brunette s'arrêta donc quelques instants, des instants de réflexion.

"Hum... comment faire pour que tu passes inaperçue ?"

La devinette semblait difficile. Isabelle voyait mal comment elle pourrait faire passer la future courtisane aux habits si riches pour inaperçu. Pour cela, il faudrait qu'elle se déguise, qu'elle... se fasse passer pour...

"Marie... cela te dérangerait-il de porter de mes vêtements ?"

Cette idée jaillit tout d'un coup, fit surface si soudainement qu'Isabelle se demanda d'abord si la jeune fille n'avait pas eu peur de cet éclat. Mais non, elle semblait juste perplexe à l'idée.

Comme la courtisane la regardait de cet air questionneur, Isabelle se plaisa à lui répondre, son expression soudaine de détermination farouche s'adoucissant.

"Parée comme tu l'es, tu ne pourras jamais voir Paris comme je la vois. Il te faudrait être... dans la peau d'une fille du peuple..."

La brune eut un petit rire, fière de son idée.

"Je ne peux pas te transformer en fille du peuple, mais je peux te vêtir comme une fille du peuple... En te prêtant un de mes..."

La jeune fille pointa sa propre robe et... hésita.
Elle hésita à prononcer ce mot qu'elle répugnait, ce mot qui lui rappelait non seulement son manque d'argent, mais son infériorité sociale... par rapport à tous ces gens pompeux...
De toute façon, elle était bien fière d'être ce qu'elle était. Cela ne l'empêchait pas pour autant d'envier les meilleures situations...
Le mot qu'elle hésitait à dire, c'était le mot... "haillons".
Non, elle était trop fière pour le dire. Elle ne le dirait pas.

"...une de mes robes. Qu'en penses-tu ?"

L'appréhension la gagnait à présent. La jeune fille refuserait-elle, par dégoût ? Par fierté ? Par incommodité ? Elle n'en savait trop. Son intuition lui disait que Marie n'était pas de ce genre mais... pouvait-on en être sûre ?

Devant cette pensée, Isabelle organisa sur son visage un timide sourire, suivi de sa main qu'elle tendit.

"Tu me fais... confiance, non ?"

Cette main tendue... Elle signifiait clairement "veux-tu venir chez moi, vêtir mes vêtements et découvrir cette ville comme la paysanne que tu n'es pas et ne seras jamais ? comme une fille du peuple pauvre telle que moi ?". La prendre signifierait accepter cette proposition, et gagner l'estime de la jeune Isabelle. La laisser serait un rejet... une pure offense... et une grande déception pour la jeune fille. Tout cela se comptait sur cette main... Comme on dit, un geste vaut plus que mille mots.

[HJ : Dis-donc j'suis en forme moi xD ]

Marie était restée perplexe pendant tout le quasi monologque d'Isabelle, elle avait l'air si enthousiaste qu'elle n'avait pas osé la couper.
Se déguiser en fille du peuple paraissait une idée assez interressante bien que très saugrenue. Cela ne serait jamais venu à l'esprit de Marie. Mais cela la tentait, se faire passer pour un membre du peuple, ne plus connaître toutes ces chaines qui la maintenaient captives et qui l'empêchaient de faire ce qu'elle voulait.

Isabelle lui parlait de confiance, une notion qu'elle ne connaissait que peu parmis les gens de la cours. Pourtant avec elle, cela semblait évident, elle ne doutait pas, elle savait qu'elle pouvait lui faire confiance.

"Je te fais confiance ..."

C'est à ces mots qu'elle empoigna la main de la jeune fille, prête à la suivre partout où elle l'emmènerait.

Bien sur Marie avait peur. Ce que lui proposait Isabelle était totalement nouveaux pour elle, et ne se produirait surement pas deux fois dans sa vie. C'était donc une chance à saisir !
De plus, elle n'avait aucune idée de ce que cela faisait de se retrouver dans les vêtements d'Isabelle et d'être lachée dans la nature.

"Mais est tu sur qu'avec tes vêtements je passerais pour une fille du peuple ?"

Peur ? Nooon
Elle était de plus en plus morte de peur. isabelle devait d'ailleurs le sentir à travers la moiteur de ses mains qui s'intensifiaient de plus en plus. Il faut dire que le goût de l'aventure n'était pas une chose que lo'n cultivait chez les jeunes courtisans.

Peut-être bien qu'à présent elle espérait que l'icée d'Isabelle ne marcherait plus ! La chose qu'elle craignait le plus c'était de se faire surprendre par quelqu'un qu'elle connaissait et finalement d'être renvoyée en Italie.

Isabelle sourit. Bien, la jeune fille lui faisait confiance. Elle avait eu peur que Marie lui dise non, qu'elle n'en était pas digne. J'avoue que la demoiselle en aurait été fort fâchée, et aurait largué la future courtisane pour rentrer chez elle sur-le-champ s'il en avait été ainsi.

Mais il en avait été différemment. Marie acceptait de la suivre. N'était-ce pas une preuve de confiance ? D'une complicité qui pourrait peut-être en naître ?

Fière de cela, la brunette avait souri un énorme sourire, suffisante d'elle-même. Mais... diantre ! L'autre demoiselle aurait-elle peur ? Qu'aprenait-on aux courtisanes ? La couardise ?

La jeune fille faillit rire à cette pensée, mais devant la jeune blonde, elle trouva que cela aurait été trop impoli.

Alors, elle soupira seulement.

"Tu avais dit que tu me faisais confiance... eh ! Je te l'assure ; il suffirait de te démaquiller un peu, de retirer ta coiffe, et d'enfiler l'une de mes robes, personne n'en verrait la différence du moment qu'ils ne regardent pas de trop près..."

Il y avait encore un autre argument à porter ses vêtements...

"Et... mes robes sont bien plus légères et confortables que n'importe quelle parure, je peux te l'affirmer."

Peut-être était-ce cela qui retenait la jeune courtisane sur ses gardes ? Que pouvait Isabelle en savoir ! Elle trouva prudent d'ajouter.

"De plus, je serai à ton côté. Si jamais il fallait s'enfuir, je connais Paris comme la paume de ma main... Raccourcis et chemins ne me sont pas inconnus, Mademoiselle Marie."

En l'interpelant ainsi, la jeune fille arbora un petit sourire amusé. Pourquoi est-ce que la courtisane ne pouvait se décider ? Ce n'est pas comme si la brunette pouvait lui faire quelque mal. De plus, elle lui avait accordé sa confiance et Isabelle n'avait rien d'autre à lui proposer. C'était à prendre...

... ou à laisser.

"Si tu ne veux pas... je pourrais m'en aller." proposa la demoiselle avec l'air de qui s'en irait dépitée.

Très bien, sa bonne humeur lui était revenue... voyez-vous, offrir une visite de Paris à une courtisane lui semblait très intéressant, quelque chose de très amusant. Alors...

Isabelle était aux yeux de Marie une fille très sur d'elle, courage et déterminée. A côté de cette fille, Marie se sentait quelque peu dévalorisée, elle avait peur de se lancer dans cette aventure. Mais les dernières paroles d'Isabelle finirent tout de mes même par briser les dernières résistances de la jeune fille.
Elle avait une confiance envers la jeune fille qui grandissait de minute en minute.

Marie souria à l'évocation des vêtements qu'Isabelle portait, il était en effet évident que les siens étaient beaucoup plus confortable que la lourde robe que portait Marie.

S'enfuir !!!! Pourquoi est ce qu'elles devraient s'enfuir ?? Voila encore une chose que Marie ignorait sur Paris et la vie de son peuple. Si même les jeunes filles étaient pourchassées dans les ruelles.

"Si, bien sur que je le veux !!"

Marie paniqua soudain à l'idée que Isabelle ne veuille plus lui faire visiter son Paris, après sa dernière remarqua. Si elle avait blessée la jeune fille elle s'en voudrait longtemps.

Elle décida donc de prendre les devants, et de ne plus paraître comme une courtisane essayant d'adopter le même visage déterminé qu'Isabelle, avant de répondre.

"Allons donc changer mes vêtements et me préparer pour cette découverte de Paris"

Marie s'imaginait à présent habillée de la même sorte qu'Isabelle, elle ne serait plus Marie nièce du Cardinal Mazarin et courtisane de la cours de France ... juste Marie. Comme quoi juste changer d'apparence pouvait bien faire changer les mentalités

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